👇 Texte pour la partie français. 👇
Mon premier jour dans une très grande entreprise réunionnaise
Monsieur HOARAU Henri était le supérieur de Monsieur MOUTOU Marcel, qui était le supérieur de Monsieur GRONDIN Gérard, qui était le supérieur de Mlle ROGER Rita, qui était ma supérieure. Et moi, je n’étais la supérieure de personne.
On pourrait dire les choses autrement. J’étais aux ordres de Mlle ROGER Rita, qui était aux ordres de Mr GRONDIN Gérard, et ainsi de suite, avec cette précision que les ordres pouvaient, en aval, sauter les échelons hiérarchiques.
Donc dans la société HOARAU Henri, j’étais aux ordres de tout le monde.
Le 8 janvier 2014, l’ascenseur me cracha au dernier étage de l’immeuble HOARAU Entreprise. (..)
Une voix rauque finit par prononcer mon nom, derrière moi. Je me retournai. ….
L’homme me dit qu’il s’appelait Monsieur GRONDIN Gérard. Il me conduisit à travers d’innombrables et immenses salles, dans lesquelles il me présenta des hordes de gens, dont j’oubliais les noms au fur et à mesure qu’il les énonçait.
Il m’introduisit ensuite dans le bureau où siégeait son supérieur, Monsieur MOUTOU Marcel, qui était énorme et effrayant, ce qui prouvait qu’il était le vice-président.
Puis il me montra une porte et m’annonça d’un air solennel que derrière elle, il y avait Monsieur HOARAU Henri, le Président. Il allait de soi qu’il ne fallait pas songer à le rencontrer.
Enfin, il me guida jusqu’à une salle gigantesque dans laquelle traversaient une quarantaine de personnes. Il me désigna ma place, qui était juste en face de celle de ma supérieure directe, Mlle ROGER Rita. Cette dernière était en réunion et me rejoindrait en début d’après-midi.
Extrait du Roman Stupeur et tremblements (les personnages sont adaptés aux noms réunionnais)
Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements, Albin Michel (1999)
